Billet d'humeur : le selfie
Egoportrait
L'histoire nous est contée dans les Métamorphoses d'Ovide. Ce livre inspiré par des écrits d'auteurs grecs de l'époque alexandrine comme le poète Parthénios de Nicée, révèle qu'un devin à qui l'on demandait si l'enfant qu'on lui présentait, atteindrait l'âge adulte, répondit : « Il l'atteindra s'il ne se connaît pas. »
Mais cet enfant grandissant repoussait prétendants et prétendantes jusqu'au jour où, s'abreuvant à l'eau d'une rivière, il tomba amoureux de son reflet. Il se contempla ainsi de longs jours et mourut de ne jamais pouvoir attraper son image. Et de ce drame de la mythologie grecque, quelle leçon pour l'homme d'aujourd'hui ? Aucune.
L'homme contemporain conjugue à l'envi le verbe « aimer » dans sa forme pronominale et toujours à la première personne du singulier : je m'aime, je m'aime, je m'aime …. ah que je m'aime. Nul doute que Narcisse, réputé lui d'une beauté exceptionnelle, aurait adopté instantanément l'autoportrait lui assurant ainsi par son immortalité numérique, la jeunesse et la beauté éternelles.
Alors que nos adolescents ultra-connectés et souvent obsédés par une certaine forme de célébrité, usant et abusant des réseaux sociaux, ne communiquent plus. Ils sont concentrés sur leurs égoportraits qu'ils téléversent sans compter au point que parfois certains qui auraient du rester privés, entrent dans la postérité à leur grand désespoir.
« Hélas, Hélas » comme le disait la nymphe Echo.
Narcissisme quand tu nous tiens ! dirons nous.