Histoires vraies de la maréchaussée - À l'eau ! La gendarmerie.
À l'eau, la gendarmerie !
Chacun le sait, l'efficacité opérationnelle de la gendarmerie nationale repose sur un maillage territorial assuré par la présence des brigades territoriales, par la mise en œuvre de patrouilles mobiles qui, de jour comme de nuit et tous les jours, sillonnent les routes, traversent les villages, surveillent les quartiers mais aussi par une réponse opérationnelle et un temps d'intervention extrêmement rapides.
Si les unités de la gendarmerie se sont organisées pour assurer, en tous temps, les interventions et les missions qui leur incombent, cette efficience est surtout la conséquence de la création de centres opérationnels et de renseignements qui, au niveau des départements assurent à la fois la permanence téléphonique et l'engagement et une coordination rationnels des moyens humains et matériels. Ainsi, la nuit plusieurs opérateurs veillent derrière leur pupitres téléphonique, les yeux rivés sur la projection de la carte du département où des petits points lumineux indiquent la position des diverses patrouilles.
Cette nuit, dans le département des Bouches-du-Rhône, les appels ont été, comme d'habitude nombreux. À six heures trente, alors que le jour se lève, les paupières des opérateurs de la nuit s'alourdissent. La relève est pour bientôt, le chef de poste finalise son compte-rendu de la nuit, écoutant d'une oreille distraite, les quelques appels téléphoniques qui résonnent encore dans le vaste centre.
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Gendarmerie Nationale, bonjour, que puis-je faire pour vous ?
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Bonjour Monsieur, Pouvez-vous me dire qui est médecin de garde ?
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Ne quittez pas, je regarde …
Et après le médecin de garde, ce sera la pharmacie de garde ou le dépanneur le plus proche des lieux d'une panne mécanique. En fait, tous les petits bobos de la vie auxquels les opérateurs sont prêts à répondre immédiatement. La sonnerie retentit à nouveau, c'est le 17, le numéro d'appel d'urgence mis en œuvre par France Télécom, simple et facile à mémoriser, il est surtout gratuit et permet de joindre rapidement les secours publics, sept jours sur sept et vingt-quatre heures sur vingt-quatre.
C’est le chef de quart qui répond, les deux autres opérateurs étant déjà en ligne sur d'autres postes. Une dame est en ligne, visiblement troublée, elle a des difficultés à préciser la raison de son appel. Finalement, elle se lance.
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Je ne vous demande qu'une seule chose, Monsieur, c'est de ne pas rire, ni vous moquer de moi !
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Madame, je vous écoute. Quel est votre problème ?
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Vous promettez de ne pas rire. Je vous assure que mon appel n'est pas une plaisanterie !
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Je vous écoute.
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Voilà, ce matin, lorsque nous nous sommes réveillés avec mon mari et nos deux enfants, nous avions les pieds dans l'eau !
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Bien, je ne vois pas en quoi cela concerne la gendarmerie. Appelez plutôt un plombier, coupez l'arrivée d'eau ...et éventuellement faites appel au 18 pour que les pompiers viennent avec une pompe pour évacuer l'eau.
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Non, il faut que les gendarmes viennent !
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Mais Madame, une fuite d'eau ne concerne jamais la gendarmerie !
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Écoutez monsieur, si ce matin nous avons les pieds dans l'eau, c'est qu'on nous a dérobé notre piscine !
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Ah, il s'agit donc d'un vol ? C'est différent.
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Oui Monsieur. C'est un vol, je vous le confirme.
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Votre piscine était une piscine pour enfants ? Une structure gonflable, je présume ?
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Heu non, pas gonflable !
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C'était une piscine hors-sol, on vous l'a démontée au cours de la nuit ?
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Oui, on nous l'a volée mais elle n'était pas hors sol. Elle était enterrée.
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Enterrée ?
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Oui, c'était une coque en résine de polyester.
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Vous êtes en train de me dire qu'on vous a volé votre piscine cette nuit ?
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Oui Monsieur. Quelqu'un s'est introduit dans notre propriété, a vidé toute l'eau de la piscine et l'a emportée.
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Elle fait … heu … pardon, elle faisait quelles dimensions votre piscine ?
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C'était un bassin d’une longueur de 5 mètres environ sur 3mètres de largeur. Et en vidant la piscine, l'eau est rentrée dans la maison qui est maintenant inondée.
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Vous avez entendu quelque chose cette nuit ?
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Non Monsieur.
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Un bruit de moteur ?
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Non.
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Votre piscine était loin de la maison ?
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Non, juste à côté !
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Et vous n'avez rien entendu ?
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Non.
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Donnez-moi votre adresse, votre nom et votre numéro de téléphone, j'active les gendarmes de votre commune. Ne touchez à rien !
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Et pour l'eau dans la maison ?
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Vous pouvez commencer à l'évacuer, bien sûr.
Évidemment, j'imagine facilement votre sourire en lisant ce récit et pourtant tout est absolument véridique.
Le commandant de ce groupement a réécouté plusieurs fois l'enregistrement de cette conversation en se demandant comment les voleurs avaient opéré pour voler cette piscine d'une taille importante, la nuit sans se faire remarquer et sans qu'aucun bruit ne soit venu perturber le sommeil des habitants du quartier.
Ces questions sont pour le moment sans réponse. Après plusieurs mois d'enquête, aucune piste, aucun élément n'a permis de faire évoluer les investigations.
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