Des mots, simplement des mots ...

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Histoires vraies de la maréchaussée - Haut les mains !

Haut les mains !

 





Département de l'Hérault.

Automne 2016.

 

La lutte contre les atteintes aux biens est une mission prioritaire pour les gendarmes et même si les statistiques de la délinquance sont sensiblement en baisse, tous les gendarmes se mobilisent pour qu'elles le restent.

Des renforts de réservistes de la gendarmerie ont été mis en place un peu partout, pour renforcer les unités de terrain et des patrouilles mobiles surveillent en permanence les quartiers résidentiels, les zones commerciales et les secteurs d'activité touristique à la recherche de délinquants. Avec cette mobilisation de tous les instants, les délais de réactivité et d'intervention sont extrêmement réduits.

 

Ce matin, le centre opérationnel de la gendarmerie de l'Hérault reçoit un appel téléphonique.

 

  • Bonjour, centre opérationnel de la gendarmerie, j'écoute.

  • Oui, Bonjour Monsieur, c'est pour signaler un cambriolage.

  • Je vous écoute. D'où appelez-vous ?

  • Je vous appelle de M.... Je suis artisan et je dois faire des travaux dans une maison. Le propriétaire m'a confié les clés de sa maison et m'a assuré qu'il ne devait y avoir personne dedans.

  • Oui, et … ?

  • Ben, quand je suis rentré, il y a quelques minutes, j'ai entendu du bruit à l'étage.

  • Vous êtes monté voir ? Peut-être est-ce un animal de compagnie, un chien ou un chat !

  • Non, il n'y a pas d'animaux dans la maison, alors comme normalement la maison est vide, c'est obligatoirement un cambrioleur.

  • Vous êtes où en ce moment ?

  • Je suis ressorti de la maison et je suis dans mon fourgon. Je suis garé devant la maison.

  • La personne est toujours dans la maison ?

  • Oui, j'en suis sûr, je vois la porte d'entrée d'où je suis et il n'est pas ressorti.

  • Vous avez constaté une effraction ?

  • Non … mais je n'ai pas fait le tour de la maison. Peut-être qu'il est rentré par une des baies vitrées à l'arrière de la maison.

  • Bien, ne bougez pas et surtout n'intervenez pas. J'alerte les gendarmes, ils seront vers vous dans quelques minutes

 

Les gendarmes territorialement compétents sont immédiatement dépêchés sur les lieux. Ils se sont équipés pour pouvoir intervenir en toute sécurité ; gilet pare-balles, conteneur lacrymogène, taser et bien sûr l'arme de poing de dotation. Le centre opérationnel de la gendarmerie suit sur son écran, la progression du véhicule des gendarmes intervenants mais aussi celle de toutes les patrouilles mobiles les plus proches qui ont été activées pour prêter éventuellement main forte. Les policiers municipaux locaux sont également alertés.

 

Discrètement, les gendarmes stationnent leur véhicule à proximité de l'habitation et terminent leur progression à pied. Ils utilisent les obstacles naturels pour se dissimuler d'un éventuel guetteur. Après une confirmation auprès de l'artisan, les gendarmes s'approchent du pavillon dans ce quartier résidentiel et réputé très calme.

 

La porte d'entrée n'est pas verrouillée. C'est en redoublant de vigilance que les trois gendarmes investissent le rez-de-chaussée. La progression tactique avec appui mutuel s'effectue dans le silence, communiquant par gestes, les gendarmes vérifient la cuisine, le salon puis la salle à manger.

 

  • RAS, chuchote un des militaires.

  • RAS Ici aussi, répond le chef de patrouille

 

Soudain, ils perçoivent très nettement des bruits provenant de l'étage ; quelqu'un marche plutôt lourdement à moins qu'il saute sur le plancher. Toujours aussi silencieusement, les uns derrière les autres, les trois militaires grimpent lentement l'escalier, en prenant soin de ne pas faire craquer les marches.

Toutes les chambres sont examinées, il ne reste qu'une porte fermée, au fond du couloir. Et c'est de là que proviennent les bruits. Le chef de patrouille fait signe en montrant de son index son oreille puis la porte fermée. Collés contre le mur, ils sont maintenant devant la porte.

Quelqu'un est dans cette pièce. Les bruits provenaient bien de là. Le chef pose sa main sur la poignée qu'il abaisse lentement, millimètre par millimètre. Aucune résistance, la porte n'est donc pas fermée à clé, c'est maintenant le temps de l'action. Les rythmes cardiaques s’accélèrent, les hommes sont concentrés, tendus. Chacun répète mentalement son rôle. Ils savent que lorsque la porte sera ouverte, ils devront jaillir pour surprendre et maîtriser l’adversaire. Surtout ne pas lui laisser l'occasion de réagir et de riposter. Ils se sont entraînés maintes et maintes fois, répétés les mêmes gestes, corrigés leurs erreurs et recommencer encore jusqu'à obtenir le geste parfait.

 

Mais ce matin, ce n'est pas un exercice et le danger est omniprésent.

 

Le ou les cambrioleurs peuvent être armés, dangereux et surtout chercheront toujours à s'enfuir pour éviter l'interpellation et la sanction pénale même s'ils doivent, pour cela, porter atteinte aux forces de l'ordre. Combien de gendarmes sont tombés, victimes du devoir ?

 

Le chef fait un geste de la tête. Il va ouvrir. Sitôt la porte ouverte, ils pénètrent en un éclair en hurlant « Gendarmerie, Haut les mains » pour surprendre l'adversaire puis soudain ils se figent immobiles comme statufiés.

 

Pauvre jeune demoiselle, profitant d'une matinée sans cours à la faculté et se croyant seule dans la maison, elle est totalement nue dans sa salle de bains, un casque audio visé aux oreilles qui diffuse sa musique préférée et sur laquelle elle se déhanche en rythme .

 

Et au lieu d’obéir aux injonctions des gendarmes, ce fut plutôt « Bas les mains » pour cacher sa nudité qu'elle offrait imprudemment.



23/11/2016
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